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Ahimsa, Non-violence

La violence est omniprésente. Autour de nous, entre nous et en nous. Nous apprenons chaque jour, plusieurs fois par jour, quelles nouvelles atrocités ont été commises partout dans le monde, ici et ailleurs. Certains arrivent à fermer les yeux, à rester sourds. Certains sont touchés à divers degrés, pour quelques instants ou profondément. On est rapidement repris dans le tourbillon de la vie, on reste parfois avec une petite angoisse sourde, un malaise qui s’atténue peu à peu ou pas. Nous sommes de la même espèce que les victimes et aussi de la même espèce que les tueurs et prédateurs de tout acabit. Ils sont nos frères… et ça nous effraie. Qu’avons-nous de commun avec eux? À quel degré la violence fait-elle partie de nous? Comment la reconnaître, la contrer?

Ahimsa, la non-violence, est l’un des piliers du yoga.

Le yoga est surtout connu par les postures, les asanas. Mais la pratique des asanas, si importante soit-elle, n’est qu’une partie du yoga, un des huit membres ou  étapes du yoga. Ces huit membres forment un tout et chacun de ces membres doit être considéré par le pratiquant de yoga. La première de ces étapes est yama qu’on pourrait traduire par code moral. Ce code moral comprend cinq éléments, le premier étant ahimsa, la non-violence.

Gandhi a été le plus digne représentant et pratiquant de ahimsa. Il a bien démontré que la non-violence  n’exclut pas la fermeté exercée avec bonté. Ce n’est pas de la complaisance, du laisser-faire, de la passivité , c’est au contraire une attitude positive et maîtrisée.

« Ahimsa n’est pas compatible avec la crainte, disait Gandhi, c’est une force active de l’ordre le plus élevé.  Ahimsa est notre devoir suprême. ».

Selon B.K.S. Iyengar, « La violence naît de la peur, de la faiblesse, de l’ignorance et de l’agitation. Pour mater la violence, ce dont on a le plus besoin est de se libérer de la peur ».

La non-violence devrait s’appliquer partout. Lorsqu’il s’agit d’être  non-violent en action, la plupart d’entre nous y arrive à peu près. Être non-violent en parole est déjà beaucoup plus difficile. Être non-violent en pensée relève de la haute voltige. En effet, quel contrôle avons-nous sur l’arrivée de pensées (ou d’émotions) dans notre esprit?   Nous pouvons cependant décider de ne pas les accueillir. Comme une ville n’accueille pas dans son port un bateau chargé de matières dangereuses, puis-je refouler les matières dangereuses que sont les pensées (ou émotions) violentes ou négatives? Il ne s’agit pas de nier leur existence, il faut même se demander pourquoi de telles pensées se présentent? D’où viennent-elles? Que nous apprennent-elles? Comment les contempler avec détachement, sans s’identifier à elles, sans les laisser polluer notre esprit?

Comment laisser émerger les valeurs profondes qui nous habitent tous, comment faire émerger la beauté et la bonté? Comment soigner le monde? Comment se soigner soi-même?

Il existe de nombreux chemins vers la lumière et la liberté. Chacun doit trouver le sien. Aucune de ces routes ne sera facile. Pour moi, la pratique du yoga est le chemin idéal.

Pourquoi pratiquer le yoga aujourd’hui?

Le rythme de  vie rapide de la plupart d’entre nous  demande  trop  d’énergie physique et mentale. Le corps et l’esprit en paient le prix. Le corps perd son dynamisme, se fatigue, le dos se voûte, les épaules s’affaissent… à l’intérieur, rien n’est plus tout à fait à sa place. Le mental s’épuise aussi, nous perdons notre présence à nous-mêmes, et la clarté  disparait. La pratique du yoga Iyengar développe la  présence. Aligner son corps demande une attention constante, alors  le mental  abandonne  les autres pensées et s’unit aux sens et  à l’intelligence  pour observer le corps,  sentir comment il occupe l’espace, évaluer les changements à faire,  de sorte que chaque partie du corps (bras, main, doigt, hanche, genoux, pied etc ) soit à sa place dans la posture. Cet alignement permet de trouver la stabilité. Le corps est stable mais non statique, toujours vivant, vibrant. La colonne vertébrale s’étire, les organes internes trouvent aussi leur place, la respiration et la circulation se font librement et l’énergie peut circuler.

À partir d’une base solide, le corps bien ancré dans la terre (enraciné), se déploie dans l’espace. Par l’étirement, on crée de l’espace en soi. En créant l’espace, on crée la liberté. A la fin de la pratique, le corps et l’esprit  seront  plus légers et plus libres.

« Le yoga est l’ami de tous ceux qui le pratiquent avec sincérité et dans sa totalité. Il soustrait le pratiquant aux griffes de la douleur et de la tristesse, lui permet de vivre pleinement et avec joie. »  B.K.S. Iyengar.