
Faeq Biria a été un exemple de dévotion totale envers son Guru B.K.S. Iyengar. Il a consacré sa vie à faire connaître l’œuvre de son maître et à la propager dans le monde entier.
Chaque personne qui meurt laisse une trace. Parfois minuscule, trop souvent négligée et vite oubliée.
Faeq Biria, mon professeur bien-aimé nous a quittés. Et la trace qu’il laisse en moi est immense et profonde. Trace dans mon corps, qu’il m’a appris à connaître, à habiter, à soigner, à honorer. Dans la pratique, il m’a appris la précision, le courage, la persévérance et la détermination. Il m’a appris la bonté. Il m’a appris à prendre soin de moi-même et des autres. Il m’a appris à observer. Il m’a appris à voir.
Il a laissé une trace dans mon esprit. Il a nourri mon esprit, stimulé mon intelligence et calmé mon ego. Grâce à lui, j’ai étudié la philosophie et grâce à lui j’ai, entre autres, appris à faire des liens entre ma pratique des asanas et les textes de yoga, particulièrement les Yoga Sutra de Patanjali.
Je suis entrée dans la salle de yoga de Blacons en juillet 1991. Peu après le début de ce premier cours avec Faeq, j’ai eu la certitude que j’avais trouvé le port ou je voulais accoster.
J’ai eu le grand privilège d’être son élève depuis trente ans.
Pendant tout ce temps, j’ai ouvert mon esprit et mon cœur, j’ai écouté avec attention et j’ai reçu son enseignement comme on goûte l’eau quand on a soif.
Il a laissé une trace immense dans mon cœur. Sa chaleureuse amitié, je la sentirai toujours.
J’ai ouvert il y a quelques jours mon cahier de notes de Blacons 1999. Le sutra à l’honneur était le I.20. Suivant la tradition, chaque dimanche soir, pour débuter et orienter la semaine, Faeq nous parlait de philosophie.
Viria, nous a dit Faeq, c’est l’engagement total. Il a précisé les termes. Il nous a parlé de l’importance de la répétition et précisé que la répétition seule n’est pas suffisante. Et la connaissance intellectuelle ne mène nulle part.
La répétition régulière et l’engagement total permettent de parvenir à la conscience profonde.
Le troisième dimanche il a comparé l’engagement à un interrupteur électrique. L’interrupteur électrique est dans l’engagement total, à 100%. Mais c’est un travail mécanique, machinal. La différence entre la pratique et l’interrupteur nous a-t-il expliqué, c’est la révérence dans l’action.
Nous utilisons beaucoup les mots amour et amitié nous a-t-il dit, nous utilisons peu les mots compassion et révérence. La compassion est une rivière qui coule en nous. La révérence, c’est le Gange qui fait chemin arrière et remonte l’Himalaya pour retrouver la racine depuis laquelle il a coulé sur terre. C’est en suivant cette voie qu’on peut toucher la lumière, la pureté, la joie.
Tel était Faeq : la pratique, l’engagement total, la compassion, la révérence, la lumière, la pureté et la joie.
La trace indélébile que Faeq a laissée en moi, il l’a laissée aussi à des milliers de personnes dans le monde entier. Son œuvre vit en nous. Puissions-nous lui faire honneur.