Souffler

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Pour la première fois, au sutra I.34, Patanjali nous parle de la respiration, toujours dans l’idée de nous donner des moyens pour faire face aux obstacles et atteindre cittaprasadana, le rayonnement serein de la conscience.
I.34 Pracchardana vidharanabhyam va pranasya
On parvient aux mêmes effets (rayonnement serein de la conscience) en maintenant l’état de recueillement ressenti lorsqu’on fait des expirations douces et régulières suivies de rétention passive.
Pracchardana : expiration
Vidharanabhyam : arrêt, rétention
Va : ou bien, aussi
Pranasya : respiration, souffle.

On ne dira jamais assez l’importance de poser notre attention sur le souffle. Le premier signe de vie du nouveau-né est l’inspiration et le dernier signe de vie avant la mort est l’expiration. C’est un lieu commun de dire que la respiration, c’est la vie. Hélas, comme nous l’oublions facilement…
Le souffle, c’est le cadeau de la vie. Il nous visite et repart. On ne le possède pas. C’est notre nourriture la plus précieuse mais elle ne nous appartient pas. Je peux dire voici ma pomme, voici mon idée, mais je ne peux pas dire voici mon air…Le souffle ne s’installe pas en nous et ne laisse pas d’empreinte. Il nous nourrit et nous nettoie et s’en va. Avant de revenir.
Poser l’attention sur le souffle, c’est se rappeler que nous sommes vivants. Gratitude.

Dans le sutra I.34, Patanjali nous parle d’expiration.
Petite pratique :
Je suggère de vous allonger sur le dos, idéalement avec un support sous le dos pour ouvrir la poitrine (une ou deux couvertures ou un traversin). Supporter la tête. (Si le bas de dos est sensible, placez un rouleau sous les genoux).
Prenez quelques instants pour vous détendre. Laissez chaque partie du corps se détendre.
Ensuite, commencez à observer le souffle. Observez son mouvement dans le corps.
Observer le mouvement de l’inspiration, observez le mouvement de l’expiration.
Observer le moment ou l’inspiration s’achève et observez le moment ou l’exspiration commence.
Observez le moment ou l’expiration s’achève et observez le moment ou l’inspiration commence.
Quand vous êtes dans ce moment ou l’expiration s’achève, avant que l’inspiration ne commence, abandonnez-vous. Puis, laissez l’inspiration se faire. Et, à nouveau, à la fin de l’expiration, abandonnez-vous.
Répétez cette respiration quelques fois. Sans forcer quoi que ce soit. Le souffle reste doux, subtil et s’allongera peu à peu. (Vous devez observer plus que faire).
Ensuite, détendez-vous complètement quelques instants en laissant la respiration se faire d’elle-même.
Voilà une façon simple de reprendre contact avec le souffle.

Pour quelques instants, plutôt que d’oublier le souffle et de l’obliger à suivre le rythme de notre activité physique, psychologique ou mentale, revenons au souffle et alignons-nous avec lui..
Selon Prashant Iyengar, comme l’eau dissout le sel ou le sucre, le contrôle du souffle peut dissoudre les défauts du mental. L’ego aussi se dissout.
« À l’expiration, nous cessons d’être quelqu’un (alors qu’en inspirant, nous redevenons quelqu’un). Demeurer un moment dans cette dissolution permet de dénouer des nœuds.. » Bouchart D’Orval.

Gratitude envers le souffle.
Gratitude envers la vie.