Et moi et moi

21

Au sutra suivant, Patanjali nous parle de la deuxième source de souffrance (klesa), égoïsme ou orgueil.

II.6 drk darsanasaktyoh ekatmata iva asmita

Drk: pouvoir de vision, celui qui voit
Darsana : pouvoir de voir, percevoir, vision
Saktyoh : capacité, puissance, pouvoir
Ekatmata : de même nature, une seule identité
Iva : comme si
Asmita : égoïsme

L’égoïsme est la confusion entre celui qui perçoit et l’instrument de perception.

Au départ, asmita c’est la conscience d’exister individuellement. Notre individualité unique et sans tache.
Selon B.K.S. Iyengar, la fragile et magnifique tige d’individualité qui réside en chacun de nous, pure dans son origine et dans son intention, rencontre, en évoluant, le phénomène du monde extérieur – vêtements, filles, garçons, voitures, position, titres, argent, pouvoir et influence – et se retrouve subséquemment teintée par lui.
Il devient alors ahamkara, l’ego.
Et l’ego ne fait pas la différence entre le transitoire et le permanent. Il ne fait pas la différence entre apparence et essence.
On compare l’ego au filament d’une ampoule électrique qui, parce qu’il s’allume, croit être la source de la lumière.
L’ego (ahamkara) a un rôle à jouer mais il ne doit pas être le chef d’orchestre. Il fait partie de citta, la conscience, avec les deux autres composantes, manas -le mental, et buddhi – l’intelligence.
L’ego prend ses décisions à partir de la satisfaction des désirs, il choisit ce qui semble agréable, il choisit le paraître plutôt que l’être.
L’ego est un instrument nécessaire à notre vie mais il ne doit agir seul, il ne doit pas se substituer à l’âme.
Lorsque l’ego (ahamkara) prend toute la place, la lumière de l’âme n’éclaire plus la conscience.
« Lorsque l’ego est tranquille, la conscience pressent la réalité de l’âme, et la lumière de l’âme s’exprime à travers la conscience translucide » B.K.S. Iyengar

À bientôt