Besoin de paix

24

Comme on l’a vu, les klesa (afflictions, causes de souffrance) sont très souvent la source de souffrance émotionnelle.
À la fin de son livre Light on life, B.K.S. Iyengar suggère une pratique intitulée : Asanas for Emotional Stability. Les éditeurs de la traduction française du livre, intitulé La voie de la paix intérieure, n’ont pas jugé bon de garder cette pratique dans le livre (qui demeure un livre extraordinaire dont je recommande chaudement la lecture).

Voici une traduction libre de cette pratique.

Cette pratique s’adresse d’abord aux pratiquants réguliers qui connaissent ces postures. La prudence est toujours de mise. Dans le doute, consulter son professeur est toujours recommandé.

Asanas pour la stabilité émotionnelle
Séquence donnée à la fin de Light on Life (B.K.S. Iyengar)

1- Adho Mukha Svanasana, tête supportée, 2-3 minutes
2- Uttanasana supporté, 3-5 minutes (support sous la tête)
3- Sirsasana dans les cordes
4- Viparita Dandasana supporté 3-5 minutes
5- Sarvangasana supporté chaise 5-10 minutes
6- Niralamba Sarvangasana 5 minutes
7- Halasana supporté 5-10 minutes
8- Setu Bhanda Sarvangasana banc, 10 minutes
9- Viparita Karani 5 minutes
10- Pascimottanasana supporté, 3-5 minutes
11- Upavista Konasana, saisir les orteils, se redresser, 2 minutes
12- Baddha Konasana 3-5 minutes
13- Supta Virasana
14- Viloma Pranayama sur expiration assis ou allongé 5-8 minutes
15- Savasana, dos supporté 5-10 minutes

En cas de migraine, 6, 8 et 9 sont conseillés
La séquence 1-3 calme le mental et rafraîchit le cerveau
Les asanas 4 à 10 créent l’équilibre entre l’intelligence mentale et l’intelligence du cœur
Les asanas 11 et 12 stimulent le cerveau vers des pensées positives
L’asana 13 apporte quiétude au corps
L’asana 14 permet d’expérimenter le silence intérieur
Si vous manquez de temps, sautez le no 14

Bonne pratique


La peur de la mort nous gâche la vie

23
Dernière dans la liste des klesa (afflictions), apparaît abhinivesa, la peur de la mort.

II.9 Svarasavahi vidusah api tatha arudhah abhinivesah

Svarasavahi : amour spontané de la vie
Vidusah : homme sage, savant, érudit
Api : même
Tatha : de la même façon
Arudhah : étendu, enraciné
Abhinivesah : attachement à la vie, instinct de conservation, peur de la mort

L’attachement à la vie (donc la peur de la mort) est la plus subtile des afflictions. Elle existe même chez les sages.
La peur de la mort est présente en chacun de nous. Nous aimons la vie. La peur de la mort nous gâche la vie!
La peur de la mort est la seule peur ; les autres n’en sont que des variantes, dit Bouchart D’Orval.
Que faire devant la peur? Toutes ces peurs?
J’ai peur mais je ne suis cette la peur.
Il faut prendre soin de la partie de nous qui s’inquiète. Elle a droit à une petite place. Mais pas toute la place.
Les afflictions (klesa) nous empêchent de vivre le présent. Elles nous empêchent d’être heureux.

Revenons aux valeurs sûres. Recréons la paix intérieure. Le yoga nous offre des outils précieux pour ce faire. La pratique des asanas et du pranayama doit être un port d’attache, un refuge ou on trouvera la paix du cœur.

Selon B.K.S. Iyengar, -Si je dis : « Détendez votre cerveau » vous ne pouvez pas le faire. Si je vous mets dans un asana spécifique, votre cerveau se détend et vous devenez calme. Telle est la beauté du yoga. Si vous faites Halasana, votre cerveau devient complètement calme. Si vous êtes mentalement abattu, vous pouvez faire Setu Bandha Sarvangasana pendant 10 minutes, et votre dépression disparaît sans que vous sachiez comment cette transformation s’est produite. Voila comment on utilise le corps pour travailler l’esprit. Lorsque l’esprit souffrant et déprimé est guéri, la lumière de l’âme peut rayonner jusqu’à la surface de notre être -.

Alors, déroulons le tapis de yoga.
Bonne pratique.


Détester

22

Les sources d’affliction ou de souffrance sont toujours présentes dans nos vies. Patanjali parle des klesa. Le quatrième de ces klesa est dvesa, haine ou aversion.
On a vu, au sutra II.7, que le plaisir mène à l’attachement.

II.8 Duhkha anusayi dvesah

Duhkha : tristesse, malheur, douleur, chagrin, détresse
Anusayi : lien étroit, adhésion à, qui vient de
Dvesah : dégoût, aversion, refus, haine

Le malheur engendre l’aversion.

Bien sûr, nous n’aimons pas souffrir, nous aimerions éviter le chagrin, la tristesse. Nous détestons ces sentiments. Cette détestation est une sorte de lien. On peut donc se retrouve attaché. -L’aversion, c’est l’adhésion à la souffrance, l’aversion est liée à l’attachement- dit Bouchart D’Orval.
L’attachement au plaisir est une servitude. La détestation, le refus de la souffrance est aussi une servitude. Les deux nous empêchent de vivre dans le présent.
Personne n’est à l’abri de la tristesse ou du malheur. Il ne faut pas le nier.
Toujours se rappeler qu’on est plus grand que l’émotion que l’on ressent. J’ai du chagrin mais je ne suis pas ce chagrin. Je ne veux pas le nier mais je ne veux pas qu’il prenne toute la place. Je ne veux pas qu’il me noie.

Il ne sert à rien de détester le malheur. Cette détestation devient un autre malheur.

Il faut prendre soin de soi. Prendre soin de Soi.
Cultivons la beauté et la bonté.
Cultivons d’abord la bonté envers soi.

Voici une petite prière bouddhiste que l’on peut réciter pour soi :
Puisse la compassion m’envelopper
Puissent ma douleur et ma peine être soulagées
Puissé-je être en paix.

Et pour les autres :
Puisse la compassion t’envelopper
Puissent ta douleur et ta peine être soulagées
Puisses-tu être en paix.

Prenez soin de vous.
À bientôt.


S’attacher. Être attaché.

22
Après avidya -l’ignorance- et ahamkara– l’ego, le troisième klesa (affliction ou source de souffrance) est raga, désir, attachement.

II.7 Sukha anusayi ragah

Sukha : bonheur, douceur, bien-être, plaisir
Anusayi : lien étroit, adhésion à
Ragah : attirance, désir irrésistible, attachement.

Le plaisir mène au désir et à l’attachement émotionnel.

L’attachement consiste à ne pas être relié de façon correcte. C’est d’être accroché à quelque chose ou quelqu’un.
Ressentir un besoin pressant d’acquérir quelque chose que nous n’avons pas.
C’est s’attacher. Être attaché. En vouloir encore. En vouloir plus.
Être attaché à un monde transitoire et ne pas aimer le changement.
« Vouloir reproduire une expérience particulière encore et encore, c’est la recherche du plaisir et cela mène à la souffrance. Ce mécanisme compulsif et répétitif tient à notre incapacité de déceler le désir véritable en nous, qui est toujours le non-désir, la paix profonde ». Bouchart D’Orval
La joie? Le bonheur? C’est quand, dit Swami Prajnanpad, « je n’espère rien d’autre que ce qui est ».

Tout un programme.

À bientôt.


Ce qui nous afflige

19
Comme nous l’avons vu, Patanjali dit au Sutra II.1 qu’un effort soutenu (tapas), l’étude de soi (svadhyaya) et l’abandon au divin (isvarapranidhanani) sont les actes du yoga.
Il nous dit ensuite, au Sutra II.2, que ces actes du yoga réduisent les klesa, les causes de souffrances, les afflictions. Il définit celles-ci au sutra suivant.
II.3 Avidya asmita raga dvesa abhinivesah klesah
Avidya : ignorance, aveuglement, absence de sagesse, errance.
Asmita : ego, orgueil
Raga : désir, attachement, passion
Dvesa : aversion, haine, hostilité
Abhinivesa : attachement à la vie, peur de la mort
Klesa : affliction, douleur, souffrance qui perturbe l’équilibre de la conscience.

Les causes de souffrance sont l’ignorance ou absence de sagesse, le désir ou attachement, la haine, l’attachement à la vie et la peur de la mort.
Il faut noter ici, que toutes ces causes de souffrance sont intérieures. Elles ne viennent pas de l’extérieur.
La souffrance, dit Bouchart D’Orval, est toujours une distance. C’est la distance entre la réalité telle qu’elle est et ce qu’on voudrait qu’elle soit, ou qu’elle ait été. C’est l’idée que la réalité pourrait être autre que ce qu’elle est.
La cause de la souffrance étant intérieure, le remède sera aussi intérieur.
N’oublions pas notre nature profonde. Recherchons la lumière. Permettons à notre essence, notre flamme intérieure de briller et de brûler ces obstacles qui nous empêchent de voir sa lumière.
Patanjali nous a donné la recette pour retrouver la sérénité : pratique, étude de soi et abandon au divin.

À bientôt